Un article sur les 36 derniers "poilus" français, encore en vie, que je copie ici, en forme d'hommage :
Les 36 derniers "Poilus" témoignent :
PARIS (AP) - Agés de 101 à 108 ans, les soldats français de la Première guerre mondiale ne sont plus que 36 encore en vie. Leurs précieux témoignages sur la "sale guerre" et son univers de tranchées ont été recueillis par l'ONAC (Office national des anciens combattants et victimes de guerre).
Ferdinand G., 105 ans, se souvient avoir "été gazé en juillet, août 1918". "On n'entendait pas les obus à gaz, ça n'explosait pas. C'est l'ogive. L'ogive, ça faisait pssss… ça soufflait, c'est tout ce que ça faisait", raconte-t-il.
Il se rappelle aussi la faim: "On pouvait rester quatre jours sans bouffer. J'ai jamais vu un chat dans une tranchée. Un quart d'heure après, il s'appelait lapin". Maurice G., qui a le même âge, évoque le froid de l'hiver 1917: "beaucoup ont (…) eu les pieds gelés".
Un autre "Poilu" décrit la peur des combattants. "Tout le monde a la trouille. celui qui dit qu'il n'a pas eu la trouille pendant la guerre, c'est un menteur. J'étais obligé d'avoir la trouille. Rien que les bombardements, tout cela, les nerfs, ça remue", confie Léon W., 107 ans, qui servait dans les Chasseurs alpins en Alsace.
Albert T., 106 ans, a connu "la fameuse bataille de Nivelle qui devait tout niveler. En réalité, c'est nous qui avons été nivelés, ça a été un désastre".
Fantassin, Henri C., 103 ans, explique qu'"on acceptait d'avance de se sacrifier parce que nos générations avaient été élevées dans le culte de ce qu'on appelle 'la ligne bleue des Vosges', de la revanche pour récupérer l'Alsace-Lorraine. Ca a été une boucherie, une ignoble boucherie".
Georges U., 106 ans, radio dans un régiment de transmission, avait deux frères aînés, qui ont eux aussi survécu. "C'était très rare pour mes parents d'avoir eu leurs trois fils mobilisés et ayant fait la guerre et qui sont revenus. Très rare. (…) Il y avait des chants militaires qui disaient que 'mourir pour sa patrie, c'est le sort le plus beau' (…). Moi, je trouve que vivre pour sa patrie, c'est pas mal non plus".
Tous les anciens combattants se souviennent du moment où ils ont appris que la guerre était finie. "Je n'avais jamais dansé de ma vie, j'ai appris mes premiers pas de polka en dansant avec un artilleur", sourit Ferdinand G.
Charles K., un Alsacien de 106 ans ayant servi en Allemagne durant la Grande guerre, demande à la génération présente: "Continuez les commémorations, soyez les passeurs de la mémoire de tous les morts. Cela conduit à la réconciliation et à un engagement pour la paix".
Les derniers "Poilus" sont quatre en Ile-de-France et en Rhône-Alpes, trois dans la région Centre, en Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, deux en Alsace, en Lorraine, en Bourgogne et en Languedoc-Roussillon, un en Auvergne, en Bretagne, en Champagne-Ardennes, en Corse, en Franche-Comté, en Pays de Loire, en Guadeloupe et dans le Nord-Pas de Calais. AP
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D'autre part, à l'occasion du 85e anniversaire de la fin de la grande guerre, le ministère de la défense met en ligne sa base de données des soldats "morts pour la France". Chaque famille devrait hélas y trouver le nom d'un ancêtre direct ou colatéral…
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www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr]