Re: Il était une fois 2018
Date : mardi 2 janvier 2018, 22:46:51
Bonsoir,
Un passage rapide.
Quelques amitiés sont nées sur Paroles.net, certaines subsistent.
Tonton a raison, Fck a nui à l'attractivité de ce forum ancestral.
Mais je me souviens de ces fous-rires, de ces rencontres, de ces échanges.
Alors je souhaite à tous, "Fidèles Anciens", une très belle année 2018.
Ci-dessous, un texte de Stéphane Legrand (Le Dictionnaire du Pire), paru en 2010, quelques années après la naissance de Fck.
Bonne lecture et bonne soirée.
Facebook : Réseau social qui a définitivement débarrassé la sociabilité du fardeau de la socialisation. Facebook permet de tenir l’univers perpétuellement informé des plus infimes détails de son inactivité, tout en maintenant ladite inactivité en état d’éveil constant.
Plus significativement, Facebook offre une fonctionnalité fascinante : la possibilité – alors que dans le monde archaïque les interactions humaines impliquaient de s’offrir des fleurs, de se taper dans le dos, de boire une bière ensemble, de faire montre de son approbation, de rire – de SE SIGNIFIER qu’on s’offre des fleurs, qu’on se tape dans le dos, qu’on se paie une bière, qu’on approuve ou qu’on rit .
Il signe donc le passage à l’ère métacommunicationnelle, nouvelle étape de la struggle for life en milieu de virtualité croissante et de matérialité problématique. Ce n’est plus le médium qui est le message, c’est la communication qui est le message.
De plus en plus, lorsque nous communiquons, nous ne nous communiquons plus que le fait que nous sommes en train de communiquer. On songe à ces innombrables émissions dans lesquelles nos contemporains, invités pour la première fois à la télévision, n’expriment rien d’autre que le ravissement qu’ils éprouvent à pouvoir s’exprimer. À ces publicités pour les forfaits téléphoniques illimités qui mettent en avant, comme principal argument de vente, la possibilité de s’appeler autant qu’on le souhaite pour se faire savoir qu’on a rien à se dire.
Puis l’esprit s’attarde sur ces émissions de reportages gossip dont la ligne éditoriale consiste à proposer leurs propres sujets – dont tout le monde parle – comme inintéressants et ineptes, mais à en traiter néanmoins car ce qui est intéressant est de faire remarquer, voire de tourner en dérision, le fait que tout le monde en parle, alors que c’est inintéressant et inepte.
Chaque chose, dans le monde métacommunicationnel est vertigineusement redoublée d’elle-même, n’est plus que le symbole de son propre fantôme, le signifiant de sa propre caricature.
---
Where words are scarce, they are seldom spent in vain.
William Shakespeare