" Un bossu dont les pieds étaient tordus et qui était dépourvu de lèvres, alla convaincre le duc Ling de Wei. Celui-ci fut si enchanté de cet infirme que , regardant un homme bâti normalement, il lui trouva le cou trop long.
Un homme ayant un goitre énorme comme une cuvette alla convaincre le duc Houan de T'si. Le duc Houan fut si enchanté de ce goitreux qu'il fit la même réflexion que le duc Ling de Wei.
La perfection moral chez les uns peut faire oublier aux autres leur difformité physique. Celui qui parvient à faire oublier au monde sa propre perfection, celui-là atteint la béatitude. L'idéal du saint l'amène à considérer l'intelligence comme un rameau inutile, le contrat comme une glu, la vertu comme un joint, le travail d'artisan comme un commerce. Le saint ne fait aucun projet, à quoi lui sert la glu ? Il ne perd rien, à quoi lui sert la vertu ? Il ne fabrique aucune marchandise, à quoi lui sert le commerce ? Les quatre qualités du saint s'appellent la nourriture du ciel. La nourriture du ciel , c'est dire que le ciel nourrit. Qui reçoit du ciel la nourriture, aura-t-il encore besoin de l'homme ? Il a la forme de l'homme , mais non le sentiment de l'homme. Ayant une forme humaine, il vit parmi les hommes; n'ayant pas de sentiment humain, il n'est point troublé par les notions de bien et de mal. Il est tout petit, ayant appartenu au genre humain; il est extrêment grand, ayant parachevé son ciel à lui. "
" Ô Phénix ! Ô Phénix !
Combien votre vertu est en décadence !
On ne peut compter sur l'avenir;
On ne peut remonter au passé.
Quand le monde est en ordre,
le saint accomplit sa mission.
Quand le monde est en désordre,
le saint préserve sa vie.
A présent on ne cherche qu'à éviter la torture :
Le bonheur est plus léger qu'une plume;
Personne ne sait le prendre.
Le malheur est plus lourd que la terre;
Personne ne sait le laisser.
Fini ! Fini !
celui qui veut améliorer les hommes par la vertu.
Péril ! Péril !
celui qui choisit un pays pour le servir.
Ronces, ronces
qu'elles ne blessent point mes chevilles !
Recul, recul
ainsi je ne blesse plus mes pieds. "
Deux passages de Tchouang tseu maître taoiste né en l'an 300 ou 400 av J.C si je ne me trompe car je n'ai pas vraiment chercher à en savoir plus car ce qui est captivant ce sont ses écrits où se mèlent poésie et philosophie. Je vous le recommande. Il ne faut surtout pas craindre les paradoxes. J'aime la manière dont un taoiste comme Tchouang tseu n'oppose pas la lumière et l'obscurité comme l'occident le fait. Cette oeuvre m'apporte cette quiétude que l'on trouve dans la grand peinture chinoise.
Cher M.Dard je lirais l'opus que vous mentionnez lorsque je serais venu à bout de mes trois lectures du moment que sont Tchouang-tseu, Miller, Kawabata. Trois livres empruntés à la médiathèque et que je dois rendre dans une quinzaine de jours et comme je lis lentement, je me demande si je ne vais pas devoir prolonger un ou deux de ces livres. Mais après pourquoi pas lire "Alice au pays des femelles" cher Quilty.
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*** Elle est retrouvée ***
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.